L’art du déplacement urbain est une discipline popularisée par les Yamakasi et le film éponyme réalisé par Ariel Zeitoun en 2001 (produit par Luc Besson). Un sport moderne et tendance made in France qui consiste à franchir des obstacles et faire des acrobaties dans des endroits parfois insolites. De la gym urbaine et accessible à tous mais aussi une course basée sur l’élégance et la poésie du mouvement.
L’histoire
David Belle est reconnu comme l’inventeur du parkour au début des années 1990 à Lisses et Sarcelles en banlieue parisienne. Avec sa bande de potes, ils ont créé et démocratisé un nouveau mode de déplacement et de franchissement en zone urbaine, au départ pour s’amuser puis les choses ont accéléré assez rapidement et après plusieurs reportages TV et films sur grand écran, la discipline a carrément explosé jusqu’aux années 2010.
Le freerun est un dérivé du parkour que Sébastien Foucan a inventé en 2003 qui se démarque pour se concentrer plutôt sur des mouvements esthétiques et acrobatiques (comme le salto par exemple). Le mouvement et l’art du déplacement urbain forment un langage à part entière, propre à chaque freerunner.
Pour la plupart des gens, le parkour est synonyme de freerun, cependant la philosophie d’expression personnelle et libre par le mouvement est un aspect important à prendre en compte dans la pratique du freerun. À noter que le mot Parkour vient de l’entrainement militaire « parcours du combattant », repris ensuite par les pratiquants de cette nouvelle discipline urbaine. En bref, le parkour consiste à « parcourir » un chemin semé d’embuches et d’obstacles en exploitant l’ensemble des qualités physiques humaines tandis que le freerun est plus artistique car son objectif est de créer une danse, une chorégraphie aérienne avec les mouvements corporels. Les pratiquants du parkour se nomment des « traceurs ».
Les spots
Chaque escalier, banc, barrière ou obstacle est un spot potentiel. On peut voir du parkour dans les bois, dans la ville, dans les gymnases… et un peu n’importe où en fin de compte car il s’agit avant tout de s’adapter à l’environnement et réaliser des performances sportives dessus. Depuis quelques années, certains traceurs ont élu domicile sur les toits de Paris (la French Freerun Family), un spot sans affluence avec beaucoup de modules (cheminées, gouttières…) qui permettent de réaliser des sauts en tout genre mais comme vous vous en doutez, cet endroit reste assez risqué et donc réservé aux professionnels entrainés uniquement. Des freerun-parks poussent aussi un peu partout dans le monde comme celui des Halles à Paris par exemple. Des infrastructures entièrement consacrées à la pratique du freerun en salle qui montrent un certain engouement planétaire pour cette pratique urbaine très tendance.
Le matériel
Par rapport aux autres sports urbains, le parkour a l’avantage de ne faire aucune dégradation (si ce n’est votre corps quand vous tombez) et surtout il ne requiert quasiment aucun matériel. De loin, le sport urbain le moins onéreux car pas besoin de board, de bike ou d’engin pour s’exprimer, juste l’humain avec des chaussures de sport et des vêtements assez amples. Comme pour les autres disciplines pratiquées en ville, le but est de progresser et d’apprendre des nouvelles figures mais en parkour ou freerun, l’athlète est seul contre son propre corps et ses limites.
Le parkour est toutefois considéré comme un sport extrême à cause des risques de blessure mais surtout à cause de l’image spectaculaire véhiculée par les médias. Cette activité n’est pas trop conseillée si vous avez le vertige ou des problèmes d’équilibre car elle réclame une certaine dextérité dans les mouvements.
Les dérivés
Ou les dérives plutôt car certains assimilent des pratiques très risquées du parkour (comme les escalades clandestines et périlleuses) au freerun alors qu’elles n’ont rien à voir à la base. Les rooftopers (ou toiturophiles) sont des personnes qui s’amusent à grimper souvent illégalement au sommet d’une grue ou d’un gratte-ciel et se suspendent dans le vide en prenant un selfie. Le nombre d’accidents mortels est assez impressionnant et devrait convaincre les plus réticents à faire attention avant de tenter ce genre de « performances ». Il y a aussi ceux qui pratiquent le « train surfing », c’est à dire qu’ils courent sur le toit d’un métro ou d’un train en marche. Là aussi on déplore plusieurs accidents graves donc si vous tenez à la vie, ne tentez pas ça.
On peut aussi parler de l’Urbex, nouvelle discipline très tendance sur l’exploration urbaine qui consiste à s’infiltrer dans des lieux interdits ou abandonnés et filmer l’intérieur. Pas toujours très légal mais moins dangereux que les autres dérivés du parkour.
Le Tricking
Le terme tricking est un autre dérivé du freerun mais issu des arts martiaux qui mêle différentes acrobaties en provenance du taekwondo, de la gymnastique, de la capoeira et du breakdance. L’origine du tricking est attribuée au kata artistique et au développement des figures acrobatiques réalisées en kata. Ce sport s’est développé aux USA pendant les compétitions de karaté tandis que les français développaient le parkour et le freerun avec plus ou moins la même évolution et vision sauf qu’en tricking, il n’y a pas d’obstacles à franchir, juste la gravité à vaincre. Les combats se font sur la performance et la créativité et pas en frappant physiquement son adversaire.
Evénements et athlètes
Il existe plusieurs compétitions de freerun dans le monde mais la plus réputée est sans aucun doute le Red Bull Art Of Motion qui a lieu chaque année dans le décor idyllique de l’île de Santorin en Grèce.
Le crew de la French Freerun Family avec Maxence De Schrooder, Yoann Leroux, Simon Nogueira et Johan Tonnoir nous font fréquemment des shows sur les toits des immeubles de Paris. Sans aucune peur, Ces spidermen évoluent entre les cheminées avec pas mal de prises de risque mais évidemment tout est calculé au millimètre par ces freerunners expérimentés.
Les Yamakasi d’origine sont David et Williams Belle, Sébastien Foucan, Châu Belle Dinh, Yann Hnautra, Guylain N’Guba Boyeke, Malik Diouf, Charles Perrière et Laurent Piemontesi.
Photo du haut : Dimitris Kyrsanidis © RedBull content pool