NASSYO parle de son évolution depuis ses débuts dans le graffiti
Peux-tu te présenter ?
NASSYO : Salut, moi c’est Nassyo.
Comment es-tu arrivé dans le graffiti ?
NASSYO : J’ai toujours habité à Paris. Dans les années 1985, 86, 87, 88 les murs et les rues se sont vus recouvrir de dessins et de signatures … forcément, ça marque. Un jour, mon pote Soper m’en a parlé plus précisément. Il me parlait de Bando et Boxer qu’on voyait partout à l’époque, il me disait que c’était sympa ce délire d’avoir un pseudo etc. Puis, un après-midi au collège, un gars avait dans ses mains le livre Spraycan art et c’est en découvrant ce bouquin que j’ai décidé de me lancer.
Une formation particulière liée à l’art ?
NASSYO : J’ai fait une formation aux arts graphiques dans un centre de formation en alternance, c’était pas extraordinaire. Puis plus tard, j’ai pris des cours de croquis de nu et ça c’était bien pour le dessin !
Est-ce qu’il y a des artistes (graffiti ou pas) qui t’ont influencé ?
NASSYO : A une époque, j’ai beaucoup aimé le travail de Giger dans ses délires bio-mécaniques. J’aime la peinture classique au travers de différents mouvements de peintre – je ne vais pas les citer, ce serait trop long – disons que ça dépend des jours, c’est comme la musique …
Quels sont tes meilleurs souvenirs de ta période graffiti ?
NASSYO : Sans aucun doute l’époque où je grimpais faire les toits de Paris. C’était la liberté et l’adrénaline poussées à leur maximum !!! Ça a duré 6 ans, de 1993 à 1999.
Comment passe-t-on du graffiti sur les murs et les toits à la peinture sur toile ? Quelles sont les difficultés que tu as rencontrées ?
NASSYO : Je suis passé du graffiti à la toile grâce à un lieu, un squat extraordinaire occupé par des gens supers cools. Des gens si chouettes que j’ai décidé de les suivre et de m’installer avec eux. Grâce à eux, je me suis mis à peindre des toiles de grande taille. Ça m’a plu et j’ai continué.
Mais ça n’est pas un exercice facile …. devant une toile, on n’a pas le risque de se faire choper, on perd l’adrénaline et la spontanéité qui nous poussait dans le graffiti. C’est plus posé. Pour travailler la toile, il faut trouver des solutions pour faire parler ton âme sur une surface très limitée et très blanche …. Quand on vient du graffiti, c’est ça le challenge.
Comment définirais-tu ta peinture actuelle ?
NASSYO : Elle est plus que jamais en évolution. Je suis encore un peu dans la transition graffiti-toile. Je recherche encore mon truc, même si j’ai ma patte. Elle est encore très teintée de mon passé de graffeur, mais je me dirige lentement mais sûrement vers la peinture aux pinceaux.
Quelles sont les bases que tu as apprises dans le graffiti et qui te servent aujourd’hui dans ta peinture ?
NASSYO : Du graffiti, j’ai gardé le « tracé direct » i.e le dessin directement posé sur la toile sans hésitation sur le trait. Mais le graff a aussi ses travers. Trop proche de l’illustration BD, il peut tomber facilement dans le kitch, genre décoration de fêtes foraines … sur la toile, il faut savoir s’en débarrasser parfois.
Un sujet qui revient souvent, l’homme et la machine, une raison particulière ?
NASSYO : Chez mes parents où j’ai grandi, traînaient des livres et notamment deux que je regardais beaucoup : l’un sur le monde médical avec beaucoup d’images de corps en cours d’opération et l’autre avec des dessins techniques de mécanique automobile. J’adorais la précision de ces dessins et j’ai peut-être plus tard amalgamé ces deux univers pour donner ce que je fais beaucoup aujourd’hui … pas étonnant que j’ai tant apprécié Giger à une époque !
Quels sont les autres sujets qui te tiennent à cœur ?
NASSYO : Honnêtement, je ne sais pas. Je ne me suis pas encore arrêté à cette question, je suis encore trop dans la spontanéité. Je ne fais pas de dessin préparatoire ou très peu. Je fais ce qui me passe par la tête à l’instant où je peins. Disons que j’aime justement la tête et la transformer.
Quelles sont tes sources d’inspiration ?
NASSYO : Tout. Je regarde tout ce qui m’entoure, je note parfois des idées sur un bout de papier et je stocke des images dans mon ordinateur pour m’aider parfois à amener ma tête sur une piste.
Comment prépares-tu tes toiles ?
NASSYO : En général, je fais d’abord une couche de couleur d’après. Puis je trace au marqueur de type « Posca » pour attaquer ensuite au pinceau et à l’acrylique. Ensuite, peuvent s’ajouter d’autres médiums selon le besoin ou l’envie.
Est-ce que l’improvisation prend une place importante dans tes œuvres (graffiti ou toile)?
NASSYO : Tu l’as compris, j’aime la spontanéité. Et il arrive un moment dans la construction du tableau où je laisse totalement l’improvisation me guider.
Quelles techniques utilises-tu ?
NASSYO : Des médiums qui sèchent rapidement.
Quelles techniques aimerais-tu essayer ?
NASSYO : La peinture à l’huile. J’ai déjà essayé un peu et j’aimerais approfondir ça.
Que penses-tu de l’engouement pour le graffiti et le street art depuis quelques temps ?
NASSYO : C’est plutôt positif, ça permet aux gens de se rapprocher et de s’exprimer. A l’époque où j’ai beaucoup pratiqué, c’était pas du tout perçu comme ça. Le graffiti, ça résonnait comme délinquance, voyous de banlieue, étranger ou vandalisme. D’ailleurs, c’est encore un peu le cas de nos jours.
C’est surtout autour de ce terme de street art que l’engouement est le plus présent je pense. Les acteurs ne sont pas les mêmes et l’argent prend une place de plus en plus importante au détriment, parfois, de la création et peut-être de la qualité au sens plastique voire même au sens du discours. N’importe qui peut rapidement être un artiste sans avoir à travailler son style, sans avoir à développer une singularité dans sa pratique, dans originalité ni force et être propulsé référent ou star voire superstar ! A Paris, être bien né compte beaucoup je pense aussi .. mais au-delà de tout ça, ce qui est cool, c’est que le monde entier a embrassé l’expression artistique dans la rue ; ça c’est vraiment cool !
Quelles sont tes prochaines dates importantes dans les mois à venir ?
NASSYO : – du 10 au 30 octobre 2015 : exposition collective « Post Graffiti » à la Galerie Nunc. Le samedi 10 octobre, 15h-20h, vernissage de l’exposition et dédicace du livre éponyme.
– du 23 septembre au 16 novembre 2015 : mur du Square Karche réalisé par Nassyo, Paris 20
– du 12 septembre au 12 octobre 2015 : mur de Confluences réalisé par Nassyo, Paris 20
Quelque chose à rajouter ?
NASSYO : Keep it real and fresh, the best is always coming!
Site de Nassyo : http://www.nassyo.com/