Guerilla gardening nous explique comment se réapproprier les espaces urbains
Voilà une interview faite avec le mouvement GUERILLA GARDENING qui se réapproprie les espaces urbains pour les jardiner ou toutes actions qui pourraient redonner un peu de nature à ces lieux.
Comment définiriez-vous votre association « green guerilla » ?
GUERILLA GARDENING : Tout d’abord nous ne sommes pas en association, nous sommes des collectifs informels participant à un mouvement global de green guerilla. A chaque fois que nous semons une graine, nous réactivons le mouvement, qui participe à une histoire et à un changement global. Les répercussions de nos actions de végétalisation de l’espace public nous échappent souvent ; mais à l’image des guérillas qui participent aux escarmouches en marge de l’armée, nos actions participent incontestablement à la victoire de la nature, des légumes et de la verdure sur le béton froid et lisse de nos villes.
D’où vient ce mouvement ?
GUERILLA GARDENING : À partir du XVIIe siècle, le terme squat apparaît pour désigner les occupations illicites de terres par des paysans anglais, les Diggers, menés par Gerrard Winstanley. Le squat (de l’anglais to squat, s’accroupir), désigne l’occupation d’un lieu dans une perspective d’habitation sans l’accord du titulaire légal de ce lieu. Juridiquement qualifié d’occupation sans droit ni titre, le squat est par définition illégal. Dans les années 70, Liz Christie et sa bande d’amis créent une nouvelle forme d’action urbaine qu’ils appellent « green guérilla ». Ces actions consistaient à occuper des terrains vagues dans New York pour y créer des jardins et les premiers Community Gardens (parents de nos jardins partagés en France).
Ces actions ont aujourd’hui lieu aux quatre coins du monde et se font appeler « guérilla jardinière », « guérilla gardening », “guérilla fruitière” ou « guérilla potagère » en France.
Qui peut participer ?
GUERILLA GARDENING : La rue n’est plus qu’une structure organisée par et pour les exigences de l’économie et de la croissance. Pourtant, l’espace public devrait être organisé selon les exigences de la démocratie et être vécu par chacun de nous. Il n’est pas aménagé pour être appropriable et c’est aujourd’hui la police, les services propreté et les encadrants culturels qui s’en occupent. Avec nos plantes, nos graines et nos outils, nous allons le squatter en attendant qu’il y soit restitué de droit à ses habitants ! C’est pourquoi chacun est invité à participer aux actions. En bas de chez soit, avec ses voisins, ses enfants, ses amis… Nous apprenons à créer nos propres dynamiques pour mener des actions à tout moment. Nous sommes maintenant aux quatre coins de la France, une centaine à Paris, disséminés en plusieurs branches, et nombreux sont encore ceux qui jardinent la ville et pratiquent la « guérilla gardening » de manière inconsciente… Nous nous retrouvons dés que possible pour mener des actions de groupe, car nos actions isolées finissent par disparaître ou par s’épuiser. Nous choisissons des endroits qui nous plaisent, en bas de chez nous ou dans notre quartier et nous passons à l’action !
Et comment ?
GUERILLA GARDENING : Chacun jardine pour des raisons qui lui sont propre (faire joli, rencontrer ses voisins/les passants, faire du sport en jardinant, cultiver se légumes, apprendre, rapporter de la biodiversité, faire de l’art, contester un projet d’urbanisation en plantant, etc.). Ensuite il y a les groupes sur les réseaux sociaux, le site guerilla-gardening-france.fr avec des contacts par région dans la page « action », la newsletter pour être tenu informé des prochaines actions, une page de contact pour proposer des actions…
Toutes les villes sont concernées ?
GUERILLA GARDENING : Toutes les villes, toutes les campagnes, tous les endroits où des espaces sont délaissés.
J’ai vu que vous faisiez des ateliers bombe de graine….pouvez vous nous en dire plus ?
GUERILLA GARDENING : Le gadget le plus connu de la guérilla gardening est celui des « bombes de graines » que je considère malheureusement souvent mal adapté à nos actions. Premièrement, sa forme dont le nom évoque une arme et ce sans doute pour donner un côté plus excitant à la guérilla et aux sujets journalistiques ne me plait particulièrement… Son contenu composé de terre et de graines prêtes à résister aux aléas urbains me semble être une bonne piste à encourager mais qui ne remplacera en aucun cas les quelques graines germant dans un lopin de terre. Placez-en au pied d’un arbre, dans un interstice ou dans des zones délaissées pour tenter l’expérience des bombes de graines…
Les techniques sont décrites sur le site internet : http://guerilla-gardening-france.fr/wordpress/guerilla/outils/
Le Moss Graffiti (graffiti végétal) est aussi utilisé dans vos actions apparemment. Quelles sont les autres outils à votre disposition ?
GUERILLA GARDENING : Nous faisons des cultures télévisuelles dans de vieilles télés, des jardins sur les arrêts de bus, des jardins dans des bacs de pommes récupérés, des semis, des boutures, des murs en gravât… Le tout est de s’exprimer avec le végétal et de préférence avec de la récupération et l’inventivité de chacun. Nous sommes pour la récup plutôt que le neuf et la mode à tout prix. Les « déchets organiques » de nos poubelles et la terre déblayée pour construire un immeuble peuvent recréer un sol fertile, les matériaux jetés par les ménages peuvent servir à toutes sortent d’éléments pour le jardin. Nous faisons appel à la création de jardin à moindre coût, non techniciste et avec des savoir-faire appropriables par tous. Nous bidouillons, nous expérimentons sans arrêt de nouvelles formes de jardinage, de culture et de guérilla de l’espace public. Nous ne recherchons pas la perfection dans le détail, ça n’est pas forcément vendeur et aux normes habituelles mais au moins ça vit, ça fait rêver, ça donne une personnalité et ça donne des idées à d’autres.
Des aides, des subventions des pouvoirs publics ?
GUERILLA GARDENING : Certainement pas, apprenons à jardiner simplement avec peu de moyens. Nous ne recherchons pas à travailler avec les institutions et les grosses boites ou lobbies, quels qu’ils soient. Nous refusons de faire de la publicité pour ceux qui polluent, ceux qui délaissent nos villes et cela tant que les mairies ne reconnaîtront pas le droit à la liberté de jardiner. Nous ne faisons pas de demandes de subvention mais des appels au don, à la générosité et à la production autonome de graines et de plantes. La liberté permet d’être réactif, spontané, conscient et autogéré.
Comment est perçue votre action par les passants ?
GUERILLA GARDENING : Bien la plupart du temps, entre avoir un délaissé ou un jardin la question ne se pose pas forcément…
Un endroit bien précis où vous aimeriez intervenir ?
GUERILLA GARDENING : Non tous les espaces ont leur charme, leur intérêt, nous recherchons les espaces pas forcément touristiques ou méconnus pour les faire connaitre et les valoriser (comme la petite ceinture parisienne par exemple)
Des dates prévues où on pourrait vous retrouver ?
GUERILLA GARDENING : Tout est sur http://guerilla-gardening-france.fr/wordpress/ ou communiqué par les groupes locaux…
Un dernier mot ?
GUERILLA GARDENING : Vive les jardins plein d’étincelles et de vie, jardineusement,
Un guérillero jardinier
Source photos : Site GUERILLA GARDENING
Site : http://guerilla-gardening-france.fr/wordpress/
FB : https://www.facebook.com/pages/Gu%C3%A9rilla-gardening-France/153092948152039